RSE ET ENTREPRISE EN DIFFICULTÉ : EST-CE COMPATIBLE ?

Orianne Champon – Associée chez .Figures, spécialisée dans la RSE, la performance globale et les modèles à impact.

La Responsabilité Sociétale des Entreprises est la mise en application du développement durable au sein des organisations. Le référentiel guide, selon la norme ISO 26000, précise qu’il y a 7 questions centrales à traiter : la gouvernance, les droits de l’homme, les conditions de vie au travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs et le développement des communautés locales.

Dans la démarche RSE, l’entreprise matérialise ses enjeux prioritaires au regard de son modèle économique et des attentes des parties prenantes. Pour ce faire, elle installe un dialogue formel ou informel avec ses clients, fournisseurs, banques, salariés, actionnaires…

Aujourd’hui, il est essentiel d’analyser le modèle économique au regard des limites planétaires et du plancher social tel que décrit dans la théorie du Donut. Ainsi, une TPE/PME ou ETI mettra en place une démarche RSE en s’interrogeant sur son impact sur la biodiversité, le changement climatique ou encore la réponse aux besoins fondamentaux des individus avec qui elle travaille.

L’entreprise en difficulté est un système complexe, où les causes sont impossibles à déterminer car difficilement décomposables. Comme dans une démarche RSE, la reconstruction d’un modèle vertueux pour rompre les difficultés consisterait à trouver les conséquences à une problématique qui pourrait être : comment trouver un modèle économique qui permet a minima de réduire les impacts négatifs de l’activité et de créer de l’impact positif ?

Emery Jacquillat, en 2009, s’est posé cette question en rachetant la CAMIF qui venait de déposer le bilan. La raison d’être de la CAMIF :

Proposer des produits et services pour la maison au bénéfice de l’Homme et de la planète. Mobiliser notre écosystème (consommateurs, collaborateurs, fournisseurs, actionnaires, acteurs du territoire), collaborer et agir pour inventer de nouveaux modèles de consommation, de production et d’organisation.

Cette raison d’être met en évidence des actions structurantes :

  • L’offre de services est tournée vers la fonctionnalité et le bien-être => les clients n’achètent plus des chaises ou des tables mais des produits éco-conçus et réparables (100 % recyclés, utilisant le moins de ressources, suppression des produits nocifs au profit des peintures à eau…) ou des services. Ainsi, l’économie circulaire est ancrée dans le modèle économique, impactant directement les processus de sourcing ou de fabrication ;
  • L’offre est créée sur le territoire dans une dynamique d’adhésion des fabricants, des équipes et des clients : interroger ses parties prenantes, créer de l’emploi direct et indirect sur le territoire français, se positionner comme entreprise Made In France, diffuser les bonnes pratiques et sensibiliser les consommateurs à une consommation durable ;
  • Le renoncement à certains événements comme le Black Friday, arrêt du partenariat avec Amazon, suppression des importations hors Europe.

Cette réflexion sur le modèle économique depuis 2009 permet à la CAMIF d’être aujourd’hui une des marques engagées préférées des Français, avec des indicateurs de performance économique, sociale et environnementale élevés.

En conclusion, les experts ont un rôle à jouer en interrogeant la pérennité des modèles économiques de leur client au regard des limites planétaires pour leur permettre de construire les indicateurs de performance et de robustesse des modèles.